Une enquête exclusive de l’IFOP pour Lemon.fr
Quand en janvier dernier, Thomas D’Orazio, un quinquagénaire américain de Pennsylvanie, décide de quitter le groupe WhatsApp familial, il est certainement loin d’imaginer que sa décision, et surtout les motivations de celle-ci, va faire le tour du monde. C’était sans compter la puissance d’un autre réseau, Twitter, sur lequel sa fille poste un message relayant les explications de son père qui dit subir trop de pression – regarder, répondre, liker… – sur le fameux groupe. En quelques jours, ce tweet est partagé plus de 15 millions de fois et donne l’occasion à des dizaines de milliers de personnes de faire part de leurs propres difficultés à l’égard des groupes WhatsApp dont ils sont membres.
L’affaire a suscité de multiples articles et analyses sur l’omniprésence, voire la dictature, des réseaux sociaux dans notre vie quotidienne. Afin de savoir comment les utilisateurs français de WhatsApp vivent au quotidien avec l’application, nous avons confié à l’IFOP le soin de les interroger mi-février.
Qui utilise les groupes WhatsApp ? À combien de groupes appartient-on en moyenne ? Les Français sont-ils heureux d’en être membres ou, au contraire, en souffrent-ils ? Les désagréments l’emportent-ils sur les avantages ? Considèrent-ils que l’application soit aujourd’hui indispensable au bon déroulement de leur vie sociale ? Autant de questions auxquelles cette étude de l’IFOP répond en détail.
WhatsApp, c’est 30 millions d’utilisateurs actifs en France
Application la plus téléchargée en France en 2022 selon le site spécialisé data.ai1 , WhatsApp est aujourd’hui utilisée régulièrement par plus de la moitié (57%) des Français âgés de plus de 18 ans interrogés par l’IFOP, soit quelque 30 millions de personnes qui y ont été actives au cours des trois mois précédant cette étude. Mais en tenant compte de celles et ceux qui ne s’en servent plus, ce sont 7 Français sur 10 qui en ont été utilisateurs un jour depuis son lancement en 2009.
Les plus nombreux appartiennent à la tranche d’âge des 25-34 ans (71% en sont adeptes), suivis par les 35-49 ans (64%) et les 18-24 ans (60%). Quant aux seniors, ils sont loin de bouder ce moyen de communication : 44% des personnes âgées de plus de 65 ans disent se servir de l’application.
S’il n’existe pas de différence notable entre les utilisateurs selon leur genre (58% des femmes pour 56% des hommes), l’étude montre que WhatsApp est beaucoup plus courante chez les cadres, qui sont 77% à l’avoir utilisé au cours du trimestre écoulé, que chez les ouvriers (52%) ou les personnes sans emploi (46%). De même, on s’en sert plus en Ile-de-France (c’est le cas de 64% des Franciliens) qu’en province (56%).
91% sont membres d’au moins un groupe sur WhatsApp
Un tiers des Français (33%) disent être membres d’au moins 5 groupes WhatsApp, dont 16% indiquent qu’ils font partie de 10 groupes et plus ! Mais la majorité de nos concitoyens (58%) se contentent d’être en relation avec 1 à 4 groupes. Les utilisateurs de l’application qui n’appartiennent à aucun groupe sont très minoritaires, 9% seulement disant être dans ce cas. Dans le détail, les plus gros consommateurs de groupes se trouvent parmi les dirigeants d’entreprises (26% d’entre eux déclarent en suivre au moins 10) et chez les 25-34 ans (23% ont plus de 10 groupes).
Famille, amis et travail, les groupes WhatsApp les plus importants
Parmi celles et ceux qui sont membres d’au moins un groupe WhatsApp, le fait de garder le contact et d’échanger avec les familles et les amis apparait primordial. Près des ¾ des utilisateurs (74%) sont en effet membres d’un groupe de cette nature, proportion qui monte à 87% chez les personnes de plus de 65 ans en ce qui concerne l’appartenance à des groupes à caractère familial.
Le troisième type le plus fréquenté est celui qui tourne autour de la sphère professionnelle : plus de la moitié (54%) des « whatsappeurs » en sont membres, notamment chez les plus jeunes puisque 73% des 18-24 ans sont dans ce cas. Viennent ensuite les groupes liés à un événement particulier (47%), au domaine scolaire (36%), à la vie associative (33%) et enfin aux activités militantes (10%).
Des utilisateurs très majoritairement contents…
La situation vécue par Thomas D’Orazio évoquée au début de cet article, victime d’une sorte de « burn-out » vis-à-vis du groupe familial auquel il appartenait, est loin d’être représentative de la perception qu’ont les Français des groupes dont ils sont membres.
Ils affirment en effet de manière quasi unanime être contents d’en faire partie, qu’il s’agisse des groupes à vocation amicale (97%) et familiale (96%), de ceux de type professionnel (87%), associatif (93%) ou encore militant (91%). Légèrement en retrait, les groupes de nature scolaire (parents d’élèves ou anciens camarades de classe par exemple) obtiennent un taux de satisfaction de 80%, un membre sur cinq (20%) indiquant qu’il préférerait ne pas en être membre.
… même si les désagréments existent
Même si l’on est heureux d’y appartenir et enclin à y rester, entre notifications incessantes (63% des répondants les ont déjà mises en silencieux), flot de posts successifs et conversations inutiles, être membre de groupes sur WhatsApp peut s’avérer parfois pénible. Parmi les désagréments les plus cités par les utilisateurs, le trop grand nombre de messages reçus (58% indiquent avoir déjà été dérangés à ce sujet) et le sentiment d’avoir ainsi loupé des informations importantes (49% le disent), le fait de se sentir obligé de répondre (51% ont déjà été dans ce cas) ou d’aimer un message (pour 46% des personnes interrogées).
Il arrive également assez fréquemment que les membres d’un groupe en agacent un autre (38%), notamment quand ils sont deux à entamer une conversation personnelle au sein dudit groupe (attitude qui a déjà énervé 45% des utilisateurs).
Mais si appartenir à un groupe peut-être source de nuisances, ne pas en être est pareillement susceptible de générer de la frustration : plus d’un utilisateur sur cinq (21%) regrette de ne pas avoir été invité à rejoindre un groupe de son entourage, qu’il soit amical ou professionnel.
Les jeunes générations sont celles qui font le plus souvent état de ces désagréments. Ainsi, 78% des 18-24 ans ont déjà été dérangés par un nombre trop conséquent de messages et 58% d’entre eux se sont sentis obligés d’y répondre. Rien d’étonnant donc à ce qu’ils soient également les plus nombreux à avoir passé WhatsApp en mode silencieux à un moment ou à un autre.
8 millions de Français auraient du mal à se passer de WhatsApp
Cette étude le montre clairement, WhatsApp est avant tout utilisée pour échanger avec des proches, qu’il s’agisse du cercle familial ou amical. Et au vu du nombre de « whatsappeurs » dans notre pays, la question se pose légitimement de savoir si ces derniers pourraient aujourd’hui se passer de l’application pour animer et gérer leur vie sociale. Apparemment oui, puisque plus de 7 utilisateurs sur 10 (72%) disent que cela leur serait possible. Toutefois, les 28% pour lesquels une telle éventualité apparait difficile, voire impossible, représentent tout de même… 8 millions de Français au regard du pourcentage d’utilisateurs âgés de plus de 18 ans concernés par l’étude de l’IFOP. Un chiffre énorme, à la hauteur de la puissance de frappe de WhatsApp.
Un terrien sur 4 utilise WhatsApp
Créée en 2099 par Jan Koum et Brian Acton, deux anciens de Yahoo, WhatsApp a connu une progression rapide, atteignant les 450 millions d’utilisateurs dans le monde en février 2014. Cette même année, la société est rachetée par Facebook pour la coquette somme de 16 milliards de dollars, et appartient donc aujourd’hui au groupe Meta fondé par Mark Zuckerberg. Ironie de l’histoire, ses deux fondateurs avaient postulé chez Facebook après avoir quitté Yahoo, mais leur candidature n’avait pas été retenue…
En 2022, le nombre d’utilisateurs réguliers de WhatsApp dans le monde était estimé à quelque 2 milliards (soit un quart de la population de la planète), seuls Facebook (2,9 milliards) et YouTube (2,6 milliards) la devançant.
En 2022, elle était également la troisième application la plus téléchargée dans le monde (424 millions de téléchargements) derrière TikTok (672 millions) et Instagram (548 millions).
L’an passé, WhatsApp a été l’application la plus téléchargée en France, devant TikTok et Doctolib.
WhatsApp appartient au groupe Meta, qui détient également Facebook et Instagram.
Sources : Wikipédia, Statista et Data.ai
1 1 https://www.data.ai/en/go/state-of-mobile-2023/
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Super étude, c’est très intéressant de voir l’usage de Whatsapp au travers des générations.