L’ère post-smartphone : à quoi ressemblera le futur de la connectivité mobile ?

Camille, le 5 mars 2024 Intelligence artificielle (IA), Smartphones

Existe-t-il une technologie qui incarne mieux l’innovation et la connectivité que le smartphone ? Nous nous souvenons tous de la présentation de Steve Jobs de l’iPhone le 9 janvier 2007 lors de la Macworld Conference & Expo au Moscone Center à San, Francisco (Californie). Plus encore que le téléphone, cet appareil a complètement révolutionné notre manière de communiquer. Il a également redéfini les frontières de l’interaction avec le monde qui nous entoure.

Depuis lors, la course à l’innovation ne s’est jamais vraiment arrêtée. En 2010, le principal concurrent d’Apple est arrivé sur le ring avec son Samsung Galaxy S. Google s’est par la suite lancé dans l’aventure à partir de 2016 avec ses Pixel. La seconde moitié des années 2010 a par ailleurs été marquée par l’arrivée massive de marques chinoises sur le marché. Xiamoi, Huawei, Oppo ou Vivo, autant de nouveaux acteurs qui ont transfiguré cette industrie ultra-concurrentielle.

Bien évidemment, l’évolution des smartphones s’est traduite en premier lieu par l’augmentation de leur puissance de calcul, l’amélioration de leurs appareils photo ou de leur stockage. Mais ces dernières années ont été également le synonyme d’innovations matérielles toujours plus poussées dans ce qui n’était, à la base, qu’un simple téléphone relié à Internet : écrans pliables, écrans OLED ou AMOLED, capteurs biométriques avancés, connectivité 5G ou intégration de systèmes d’IA.

Aujourd’hui, nous sommes peut-être au seuil d’une époque où le concept de smartphone tel que le connaissons depuis 15 ans est sur le point d’être transcendé. Il est fort probable que la connectivité mobile et l’interaction entre l’Homme et la machine prenne des formes jusqu’alors inimaginées. Avons-nous déjà atteint l’ère post-smartphone ?

Évolution et tendances actuelles des smartphones

Aujourd’hui, les smartphones embarquent des technologies d’affichage autrefois réservées au monde des écrans de PC haut-de-gamme. Là aussi, la course au taux de rafraîchissement le plus élevé et à la définition la plus fine est lancée. Un grand nombre de smartphones offrent désormais des taux allant jusqu’à 120 Hz, et des écrans allant jusqu’à 1280 × 2800 pixels. C’est le cas du Honor Magic 6 Pro qui vient d’être présenté au Mobile World Congress (MWC) 2024 et il est loin d’être le seul.

Crédits : © Honor
Le Honor Magic Pro 6 et son sytème caméra Falcon Capture 2.0, doté d’un appareil photo principal de 50 MP et d’un téléobjectif périscope de 180 MP

Une autre course, quasiment sans fin, a été lancée il y a quelques années. Celle du stockage et de la quantité de mémoire RAM que peut embarquer un smartphone. Le Xiaomi 14 Ultra, lui aussi présenté au MWC embarque ainsi 512 Go de stockage pour 16 Go de RAM ! Certains laptops sont encore vendus avec 8 Go de RAM et moins de stockage que ce genre d’appareil. Les progrès ont été réellement vertigineux sur cet aspect en particulier.

Impossible de traiter de la thématique du smartphone sans parler de l’impact sans précédent de l’IA sur la conception de ces appareils. Aujourd’hui, la plupart des fabricants de smartphone intègrent désormais des systèmes d’IA dans leurs smartphones haut de gamme. En tête de file de ce nouveau paradigme se situent quatre ténors du milieu : Google, Apple, Samsung et Huawei. 

À quoi peut donc servir l’intelligence artificielle au sein d’un smartphone ? Prenons l’exemple du Samsung S24 ; l’écosystème pensé par le géant sud-coréen, Galaxy AI, est débordant de ressources. Il est capable de traduire automatiquement des messages en direct en treize langues différentes. À l’instar de ChatGPT ou de Google Bard, il peut également corriger ou reformuler les messages Conçu comme une véritable extension de Google Lens, Galaxy AI est capable de reconnaître un objet via son capteur photo pour aller chercher tout seul des informations sur le web. 

L’intégration de l’IA dans les téléphones est certainement un des impacts les plus importants de ces dernières années. Si elle est cantonnée pour le moment aux smartphones les plus onéreux, il y a fort à parier qu’elle deviendra progressivement la norme dans les années à venir. N’oublions pas que l’écriture prédictive était réservée auparavant aux modèles de téléphones haut de gamme. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Les téléphones qui pensent à votre place sont déjà là !

Le rôle croissant des écosystèmes et des services connectés

Aujourd’hui, un smartphone n’est pas qu’un simple objet isolé du flux de données global. Grâce à l’intégration des services de cloud computing, il faut le considérer comme une véritable fenêtre ouverte sur une quantité gigantesque de services en ligne et de ressources. Cette évolution, qui a commencé au début des années 2010, s’est accélérée avec l’augmentation de la bande passante et l’introduction de la 5G. 

Cela permet à l’utilisateur de moins dépendre des limitations matérielles de son smartphone et d’avoir accès à distance à un volume très important de données ou à des applications de plus en plus sophistiquées. NVIDIA GeForce Now pour le jeu vidéo, Adobe Photoshop Express pour l’édition de photos ou Google Worspace pour travailler sur des documents ou des feuilles de calcul. Toutes ces applications tirent parti du cloud computing pour fonctionner. Cette technologie est devenue une composante clé des smartphones modernes, offrant alors aux smartphones des capacités qui étaient encore inimaginables quelques années auparavant.

Le processus d’amélioration continue des smartphones ne serait rien sans l’expansion des écosystèmes d’applications, proposées principalement via le Google Play Store ou l’App Store. Aujourd’hui, on peut (presque) tout faire à partir d’un simple téléphone. Apprendre une langue étrangère ou accéder à des cours universitaires, consommer de la musique et des vidéos, surveiller sa santé ou encore ses transactions financières. Ces applications, toujours plus sophistiquées et optimisées, enrichissent l’expérience utilisateur dans quasiment tous les aspects de la vie quotidienne.

L’AI Pin, le tueur de smartphone ?

Crédits : © Humane
Cette petite broche hyperconnectée est-elle une remplaçante sérieuse du smartphone conventionnel ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Doit-on le considérer comme un gadget qui finira dans l’oubli ou comme l’appareil qui viendra mettre un terme à l’hégémonie des smartphones toujours plus puissants ? L’AI Pin, une sorte de petite broche alimentée par IA, est fabriqué par l’entreprise Humane. Annoncé il y a quelques mois, il vient d’être présenté au MWC. L’ambition portée par Humane derrière ce petit objet est assez claire : faire en sorte que les smartphones ne soient plus qu’un lointain souvenir. L’AI Pin est un petit bijou de technologie, et est peut-être une esquisse du smartphone de demain. 

Ce petit objet ne possède pas d’écran (à la place, il projette son interface tactile dans la paume de la main de son utilisateur grâce à un laser) et peut s’accrocher sur n’importe quel vêtement grâce à sa petite taille ce qui remet en question toute notre utilisation des meilleurs smartphones du moment. Pour autant, cela ne l’empêche pas d’être solidement doté. Il est compatible avec la 4G et le Wi-Fi, est épaulé par 4 Go de RAM et 32 Go de stockage et embarque un processeur Snapdragon ainsi qu’un appareil photo de 13 Mpx. Mais là n’est pas le plus important. Son fonctionnement repose essentiellement sur une intégration très poussée de l’IA. En effet, il s’appuie sur le modèle de langage GPT4, ce qui dope complètement ses capacités. Il peut envoyer les messages qu’on lui dicte, traduire en direct ce qu’il entend ou chercher des informations sur Internet. 

Pour le cofondateur d’Human, Imran Chaudrhi, l’avenir du smartphone se trouve ici. Lors d’une conférence TED donnée il y a neuf mois, on a pu l’apercevoir se mettre en scène avec l’AI Pin et déclarer : “Nous sommes convaincus que l’IA sera la force motrice derrière le prochain bond en avant dans la conception des appareils”. L’avenir se trouverait donc ici ? Dans la disparition totale de l’écran et dans l’épurement le plus absolu du dispositif nous accompagnant quotidiennement dans notre poche ?

Il est aujourd’hui très difficile de répondre à cette question. Si les premiers essais de l’AI Pin par les médias spécialisés au MWC n’ont pas spécialement convaincu, il reste important de garder à l’esprit une chose. Nous ne pourrons pas faire évoluer les smartphones à l’infini, car nous nous heurtons à plusieurs contraintes. Les limites physiques sont des obstacles à la miniaturisation des composants et au fil du temps, nous voyons bien que les innovations entre les générations de smartphones sont de plus en plus marginales. Le point de vue environnemental peut également être invoqué ; la production de masse de smartphones de plus en plus complexes nous mènera à épuiser à terme les ressources rares qu’ils demandent. Même si ceux-ci ont encore quelques beaux jours devant eux, ne nous persuadons pas que cet état de fait perdurera à jamais.

L’avenir sera peut-être composé d’alternatives technologiques dont nous n’avons pas encore idée, et assurément, l’IA jouera un rôle clé dans le développement de ces dernières. L’Ai Pin n’est peut-être pas le remplaçant final du smartphone ; il nous invite néanmoins à repenser notre lien avec la technologie et la manière avec laquelle il évoluera à l’avenir. L’innovation passe principalement par le fait de ne pas rester camper sur des conceptions bien établies ; à partir de là, il reste difficile d’imaginer que nos smartphones perdureront indéfiniment sous la même forme physique. Smartphones sous forme d’implants corporels, holographiques ou entièrement transparents.  Qui sait vraiment ce qui nous attend ? 

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Camille
Tombé assez tôt dans la marmite des lettres et de la tech, mes premiers amours ont été naturellement les livres et jeux vidéo. Vingt ans après, j'ai décidé de me diriger vers ce que je sais faire de mieux : faire parler ma plume. Sciences, IA, hardware, software et robotique ne sont qu'un petit aperçu des sujets qui me font quotidiennement vibrer.
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