Imaginez un océan de données, si vaste qu’il submerge les outils traditionnels d’analyse. C’est l’univers du Big Data, ces ensembles de données gigantesques et complexes qui défient les méthodes classiques de traitement. Derrière ce déluge colossal de données se cache un potentiel immense. En les apprivoisant, on peut déceler des tendances invisibles, anticiper des comportements ou optimiser des processus. C’est exactement ce qu’ont commencé à faire les opérateurs télécoms depuis le début des années 2010.
Munis de ces technologies sophistiquées, ils transforment chaque octet de donnée en un levier précieux pour améliorer leurs services et offrir à leurs clients une expérience optimale. Comment ? En tirant parti de celles-ci, ils peuvent anticiper les besoins de leurs clients, leur proposer des offres personnalisées et résoudre d’éventuels problèmes avant même qu’ils ne surviennent. Aujourd’hui, ces données sont souvent qualifiées de « pétrole du XXIᵉ siècle » et l’exploiter n’est plus une option, mais une nécessité pour survivre dans l’économie numérique. Voici comment les opérateurs exploitent le Big Data.
La gestion des données
Longtemps reléguées au rang de simples sous-produits de la communication numérique, les données dévoilent aujourd’hui leur véritable nature : un gisement financier colossal. D’après Valuates Reports, le marché mondial de l’analyse Big Data pour les télécoms devrait connaître une croissance fulgurante, passant de 198,08 milliards de dollars en 2020 à 684,12 milliards d’ici 2030. Une manne inespérée dont la réelle valeur repose principalement sur la capacité des opérateurs à exploiter intelligemment ces données précieuses.
Véritables prospecteurs des temps modernes, les opérateurs télécoms ont désormais une nouvelle mission : dénicher les richesses cachées dans les méandres de la data. Collecter, analyser, distribuer : tels sont les nouveaux maîtres-mots de ces acteurs incontournables de la transformation digitale. Mais leur rôle ne s’arrête pas là. Forts de leur expertise en matière de réseaux et de leur connaissance approfondie du comportement des clients, les opérateurs télécoms deviennent aussi des partenaires stratégiques des entreprises. Ils les guident dans l’exploitation de la data, leur permettant d’optimiser leurs processus, d’améliorer leur efficacité et de se démarquer sur leur propre marché.
Par exemple, un opérateur télécom peut analyser les données de navigation de ses clients pour identifier avec précision les zones où le signal est faible ou insuffisant. Cette information lui permet ensuite de mieux cibler ses investissements dans ces infrastructures et d’améliorer la qualité de son réseau dans ces zones. C’est exactement comme cela que fonctionne Netflix, qui stocke les données de visionnage de chaque utilisateur pour lui proposer ensuite une sélection de contenus établie à partir ses habitudes. Dans les deux cas, c’est grâce à l’analyse de données que le service proposé est personnalisé et optimisé.
Collecter c’est bien, mais analyser, c’est encore mieux
Si la collecte de données est essentielle pour les opérateurs télécoms, leur hétérogénéité représente un défi complexe. En effet, pour une gestion optimale de la data, il faut maintenir un pipeline de données unifié. C’est-à-dire un système intégré qui collecte, traite et analyse la data provenant de différentes sources de manière cohérente et automatisée. Face à la multiplicité des sources et des formats de données, ce n’est pas une mince affaire. Pour y parvenir, les opérateurs télécoms doivent donc mettre en place des solutions robustes capables de gérer la complexité et le volume croissant de ces informations.
L’enjeu est de taille : un pipeline efficace permet aux opérateurs d’exploiter pleinement le potentiel de leurs données et d’améliorer la qualité de leurs services. Pour cela, les opérateurs se tournent vers des services spécifiques. Ces technologies leur permettent de centraliser, de structurer et d’analyser efficacement leurs données.
Imaginez qu’un opérateur télécom souhaite améliorer la qualité de son réseau lors d’un grand événement sportif comme la Coupe du Monde. Celui-ci va analyser les données de consommation de ses clients (heures de connexion, zones géographiques les plus sollicitées, etc.) pour anticiper les pics de demande pour pouvoir déployer davantage de ressources réseau, et ainsi optimiser le trafic. Il pourra anticiper des potentielles pannes en identifiant les équipements réseau susceptibles de dysfonctionner. Cela lui permettra de maintenir une qualité de service constante, quelles que soient les circonstances.
Heureusement pour eux, les opérateurs peuvent compter sur l’incorporation croissante d’outils d’intelligence artificielle (IA) et de machine learning (ML) dans leurs systèmes et leur processus. Conjointement utilisées, ces technologies permettent aux opérateurs de prédire proactivement les besoins des clients Autre avantage très important donné par ces technos : détecter et prévenir les activités frauduleuses avant qu’elles ne causent des dommages financiers. Pour les clients, c’est une garantie de confiance et de sécurité.
Un nouveau moteur de croissance économique
Le Big Data améliore les opérations en interne pour les opérateurs, mais il leur ouvre également de nouvelles perspectives très juteuses, à la fois en termes de monétisation et d’innovation produit.
En effet, la monétisation de données est un nouveau levier de croissance. Prenons l’exemple de Vodafone, avec sa plateforme Vodafone Analytics, qui illustre parfaitement ce potentiel. En exploitant les données de localisation, l’opérateur fournit des insights précieux à des entreprises externes. Ce partage d’informations génère de nouvelles sources de revenus pour Vodafone, tout en améliorant l’expérience client grâce à des services enrichis.
En mettant à disposition de leurs clients des informations précieuses sur les comportements de ses clients, Vodafone leur permet d’optimiser leurs stratégies marketing, d’améliorer l’efficacité de leurs opérations et de développer de nouveaux produits et services. Le Big Data permet ainsi aux opérateurs de transformer leurs données en un actif commercialisable, bénéfique à la fois pour eux-mêmes et pour leurs partenaires. Mais Vodafone n’est pas la seule à avoir capté le filon, loin de là. Orange a développé Orange Smart Data Platform, Bouygues Telecom est aussi de la partie avec sa division Bouygues Telecom Big Data & Analytic ou SFR avec son SFR Network Data Lab.
Cela prouve bien que la monétisation des données est aujourd’hui est une veine très lucrative ; veine que les opérateurs ne sont pas les seuls à exploiter. Services financiers et bancaires, commerce de détail, secteur de la santé, géants de la tech, etc. Raffiner les données brutes en informations précieuses permet à ces industries de personnaliser leurs offres, optimiser leurs opérations et de continuer d’innover en continu dans leurs services.
L’avènement du Big Data a déferlé sur l’univers des télécommunications, marquant les prémices d’une ère nouvelle. Par l’exploitation judicieuse de la puissance des données, les opérateurs disposent désormais de l’opportunité de se concentrer sur l’essentiel : offrir à leur clientèle une expérience qualitative, optimiser leurs services et engendrer de nouvelles sources de revenus. L’exploitation des données est sans nul doute devenue une activité primordiale à toute stratégie de croissance durable pour les entreprises et les opérateurs télécoms ne dérogent pas à cette règle. Bien que le Big Data soit un outil de gestion de données d’une puissance formidable, il serait erroné de se cantonner à cette définition simpliste. Celui-ci est incontestablement l’un des moteurs de transformation les plus puissants de la décennie, au même titre que l’intelligence artificielle, la technologie Blockchain ou encore la robotique. Dans le secteur spécifique des télécommunications, l’exploitation efficiente des données déterminera le succès des entreprises concernées, et celles qui sauront habilement tirer parti de ces informations seront assurément les mieux placées pour se démarquer avantageusement de la concurrence.