Le choix entre un cloud public et un cloud privé représente un enjeu stratégique pour les entreprises. Celles-ci doivent déterminer le modèle le plus adapté à leurs besoins spécifiques. Que ce soit en termes d’infrastructure, de sécurité, de coûts ou encore d’agilité, les deux options présentent des caractéristiques radicalement différentes.
Avant d’arrêter leur décision, les sociétés ont intérêt à analyser en détail les principales divergences entre ces deux environnements. Elles pourront alors orienter leur choix de manière éclairée, en fonction de critères déterminants comme le type d’activité, la taille de la structure ou les contraintes réglementaires.
Cet article se propose d’explorer les grandes lignes qui distinguent le cloud public du cloud privé. L’objectif est d’apporter des clés de compréhension essentielles aux entreprises pour identifier la solution la plus adaptée à leur contexte.
Principales différences entre cloud public et privé
Infrastructure : partagée vs dédiée
Avec le cloud public, les ressources informatiques sont hébergées dans des datacenters mutualisés exploités par les fournisseurs comme AWS, Azure ou Google Cloud. Les serveurs, le stockage, les réseaux sont mis en commun et partagés par l’ensemble des clients.
Cette mutualisation permet aux fournisseurs de réaliser d’importantes économies d’échelle et d’offrir un accès élastique à des capacités quasi illimitées. Mais elle signifie également que les données de différentes entreprises cohabitent physiquement sur les mêmes infrastructures.
À l’inverse, le cloud privé repose sur des ressources dédiées, isolées pour un unique client. Les serveurs, le stockage, les réseaux sont réservés à l’usage exclusif de l’entreprise. Elle est la seule locataire de l’infrastructure qu’elle exploite dans un environnement cloisonné.
Cet isolement physique renforce la confidentialité des données sensibles et critiques. Il offre également un meilleur contrôle sur la sécurité et la conformité aux réglementations sectorielles. Le niveau d’isolation peut être ajusté en configurant des réseaux virtuels privés.
Localisation : externe vs interne
Avec le cloud public, l’infrastructure est localisée dans des datacenters distants opérés par les fournisseurs. L’entreprise externalise et transfère ses données hors de ses locaux, souvent à l’étranger.
Le cloud privé permet de conserver l’infrastructure sur site, au sein même des locaux de l’entreprise. Ses datacenters sont situés de manière interne sous son contrôle physique direct. Elle conserve la maîtrise de la localisation de ses données en interne sur son territoire national.
Cette proximité physique des ressources raccourcit les délais de transfert des données et facilite l’application de la réglementation locale. Néanmoins, elle requiert des compétences et des investissements pour créer et gérer le datacenter privé.
Sécurité et conformité
Avec le cloud public, la sécurité de l’infrastructure et des données dépend essentiellement du fournisseur cloud et de ses procédures. L’entreprise doit s’en remettre aux garanties contractuelles et aux certifications obtenues. Elle a moins de visibilité et de maîtrise sur les mesures concrètes de sécurité mises en œuvre physiquement.
Cela peut poser des défis importants de conformité à certaines réglementations qui imposent une sécurisation renforcée des données sensibles. Le RGPD ou les directives sectorielles dans la banque requièrent un contrôle accru.
Le cloud privé offre à l’entreprise une maîtrise directe de la sécurité de l’infrastructure qu’elle possède et gère elle-même. Elle peut définir et appliquer ses propres exigences en interne pour renforcer la protection des données critiques. Cette emprise facilite la conformité aux réglementations contraignantes.
Modèle de coûts : OPEX vs CAPEX
Le cloud public s’appuie sur un modèle économique de type OPEX : l’entreprise paie une facture d’usage mensuelle en fonction des ressources consommées, sans investissement initial. Ce modèle convient aux charges de travail élastiques.
Le cloud privé engendre des coûts initiaux importants (CAPEX) pour la conception et la construction du datacenter, l’achat des serveurs, des licences… Il faut amortir ces investissements dans la durée. Ce modèle s’applique mieux aux workloads stables et prévisibles.
Flexibilité et agilité
Le cloud public offre une élasticité et une agilité accrues grâce à l’approvisionnement rapide de ressources à la demande. L’entreprise peut déployer de nouvelles capacités serveur ou stockage en quelques clics selon ses besoins.
Le cloud privé est souvent moins flexible avec des délais plus longs pour le déploiement interne de ressources supplémentaires. Il faut prévoir et anticiper l’évolution des capacités en interne pour conserver une agilité suffisante. Une supervision étroite des workloads est nécessaire.
Critères de choix entre cloud public et privé
L’arbitrage entre cloud public et cloud privé repose sur plusieurs critères clés qu’il convient d’examiner attentivement :
- Type de workloads. Le cloud public convient davantage pour des charges de travail élastiques et non sensibles, tandis que le cloud privé est plus adapté à des workloads stables ainsi qu’au traitement de données critiques ou confidentielles.
- Taille de l’entreprise et secteur. Les startups et PME ont tendance à privilégier le cloud public pour limiter les investissements initiaux, alors que les grandes entreprises et les secteurs réglementés comme la finance ou la santé préfèrent souvent un cloud privé pour renforcer l’isolation et la conformité réglementaire.
- Budget et modèle de dépenses. Le cloud public s’appuie sur un modèle OPEX sans investissement initial, la facturation s’effectuant à l’usage. Le cloud privé implique des coûts CAPEX importants lors de la mise en place de l’infrastructure en interne.
- Niveau de sécurité et conformité nécessaire. L’externalisation inhérente au cloud public offre moins de maîtrise interne sur la sécurité des données, contrairement au cloud privé où l’entreprise définit elle-même sa gouvernance de sécurité en interne.
- Agilité recherchée. Le cloud public assure une élasticité et une scalabilité accrues des ressources. Le cloud privé propose un environnement dédié, mais avec une agilité moindre pour faire évoluer les capacités.
Cas d’usage et exemples d’adoption
Cloud public
Le cloud public convient parfaitement aux startups et aux petites entreprises qui souhaitent se lancer rapidement sans investir dans des infrastructures lourdes. La flexibilité du cloud public est également très adaptée aux applications web à trafic variable comme les sites e-commerce ou les plateformes SaaS. Les capacités quasi illimitées en stockage et calcul permettent de supporter des charges de travail gourmandes en ressources comme le big data, le machine learning ou le high performance computing (calcul de haute performance).
Cloud privé
Les entreprises manipulant des données sensibles comme dans le secteur de la santé ou de la finance privilégient souvent un cloud privé. Ce modèle offre un meilleur contrôle sur la sécurité et la localisation des données critiques ou soumises à des contraintes réglementaires. Le cloud privé est également apprécié par les administrations et les grands groupes disposant de ressources IT en interne.
Quelques exemples
Netflix s’appuie massivement sur le cloud public AWS pour supporter ses opérations mondiales de streaming vidéo. La Banque Populaire a fait le choix du cloud privé avec OVHcloud pour isoler ses applications métiers critiques tout en modernisant son infrastructure. Boeing a opté pour un modèle de cloud hybride en combinant cloud privé et public.
En définitive, le choix entre cloud public et cloud privé ne se résume pas à une alternative binaire mais appelle une réflexion nuancée selon le contexte de chaque organisation. Généralement, la solution optimale réside dans une approche hybride conjuguant les avantages des deux modèles.
Le cloud public apporte l’agilité et l’élasticité indispensables pour innover à l’ère du digital. Le cloud privé garantit la sécurité et la conformité pour les données sensibles. Combinés astucieusement, ces deux univers offrent une latitude inédite.
Les lignes ont certes bougé avec l’émergence du cloud, mais les entreprises gardent la main sur leur destinée digitale. Le choix éclairé d’une stratégie cloud adaptée à leur singularité leur permet de s’élever vers de nouveaux sommets.
Plus que jamais auparavant, les organisations disposent des moyens technologiques pour façonner leurs infrastructures sur mesure. À elles désormais de nourrir leurs ambitions dans le nouveau monde du cloud computing.