Le 13 juillet dernier, Armando Pereira, l’homme de l’ombre et bras droit du milliardaire Patrick Drahi fondateur d’Altice, a été arrêté et écroué au Portugal. Il est soupçonné avec un complice d’avoir mis en place un vaste réseau mafieux de corruption et d’évasion fiscale via les filiales portugaises du groupe de télécommunications.
Des sociétés écrans pour facturer à Altice des sommes mirobolantes
Selon l’acte d’accusation du procureur général portugais, Pereira et son associé auraient utilisé tout un écheveau de sociétés écrans pour facturer à Altice Portugal des prestations largement surévaluées. Une partie des commissions perçues aurait ensuite été transférée vers des paradis fiscaux, avant d’être réinjectée dans le système grâce à une holding luxembourgeoise, Shar. Le préjudice pour Altice est estimé à pas moins de 660 millions d’euros.
Si Altice réfute toute implication et se présente uniquement comme victime, de nombreux éléments troublants pointent vers une connaissance interne des turpitudes. Tout d’abord, le fonctionnement du groupe est réputé extrêmement centralisé autour d’une poignée de cadres dirigeants, dont Armando Pereira lui-même. Rien ne se fait sans qu’ils en aient connaissance.
D’autre part, des audits internes au sein d’Altice ont bel et bien identifié certaines des sociétés impliquées dans le circuit frauduleux présumé, sans pour autant déclencher de mesures de contrôle ou d’alerte.
Armando Pereira, l’ami de Patrick Drahi avec qui tout a commencé
En outre, la proximité entre Patrick Drahi et Armando Pereira, amis de plus de 30 ans, interroge. Drahi pouvait-il vraiment ignorer les agissements ultra-lucratifs de celui qui fut son bras droit dans toutes les acquisitions du groupe ? Le patron milliardaire, réputé pour son extrême parcimonie, laisse difficilement imaginer qu’il n’ait pas eu vent d’un tel détournement de fonds au sein même de son empire.
L’affaire jette une lumière crue sur les méthodes et le management opaque du groupe Altice, numéro 4 mondial des télécoms. Elle risque surtout d’avoir des répercussions judiciaires bien au-delà du Portugal, puisque le Parquet national financier suit de près le dossier et n’exclut pas d’ouvrir une enquête en France sur ce scandale aux ramifications internationales. Les pratiques du groupe dans l’hexagone pourraient ainsi être passées au crible dans les prochains mois.
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