Une enquête exclusive de l’IFOP pour Lemon
Les jeunes et leurs ex à l’heure des réseaux sociaux
En quelques années, les réseaux sociaux ont profondément changé la manière de vivre ses relations amoureuses, y compris après une rupture. Dans un univers numérique où il est désormais possible de suivre à la trace faits et gestes, où chaque commentaire, chaque photo, chaque « like » laissent une trace, comment les Françaises et les Français gèrent-ils leurs ex ?
Afin de le savoir, Lemon a confié à l’IFOP le soin d’interroger près de 1 000 jeunes âgés de 15 à 34 ans, appartenant à cette génération qui a totalement intégré Instagram, Snapchat et autres TikTok à son quotidien.
Se sentent-ils capables de rester amis après une séparation ? Comment appréhendent-ils la présence en ligne de leurs ex, mais aussi des ex de leurs partenaires ? Utilisent-ils les réseaux sociaux pour se venger d’avoir été quittés ?
Entre disputes, jalousie, espionnage et tactiques de manipulation, cette étude lève le voile sur les comportements post-séparation plus ou moins avouables adoptés par cette génération hyper connectée.
Rester amis ? Oui, mais…
Globalement, 64% des jeunes interrogés estiment qu’il est possible de rester ami avec un ou une ex. Cependant, seuls 29% pensent qu’une amitié sans ambiguïté est envisageable, 35% jugeant qu’il subsiste toujours une forme d’équivoque. Mais pour plus du tiers (36%), une telle relation n’est pas possible, les femmes (41%) étant plus nombreuses que les hommes (30%) à en refuser la perspective.
Quand l’ex de l’autre pose problème
Ce qui semble valoir pour soi ne vaut pas obligatoirement pour celui ou celle avec qui on partage sa vie. Bien qu’une majorité des répondants se disent ouverts à l’amitié avec un ou une ex, la réalité est plus complexe puisque plus de 8 jeunes sur 10 actuellement en couple (81%) indiquent qu’ils seraient mal à l’aise si leur partenaire devait fréquenter son ex dans la vie réelle, et 74% ressentiraient également de la gêne en croisant physiquement l’ex en question.
Sur les réseaux sociaux, 80% ne verraient pas d’un bon œil que leur moitié continue à échanger avec une relation passée, et autant vivraient mal le fait qu’il ou elle en conserve des photos. En réalité, toute forme d’interaction semble poser un problème à la grande majorité des jeunes interrogés dans cette étude : plus de 7 sur 10 n’apprécieraient pas que leur partenaire « like » les publications d’un ex et 74% seraient ennuyés par un suivi de son activité en ligne.
Les femmes expriment plus souvent que les hommes leur malaise dans ces situations. 86% d’entre elles (contre 75% des hommes) seraient par exemple contrariées de voir leur partenaire fréquenter son ex dans la vraie vie.
Une source de conflits potentiels
Le fait de continuer à communiquer sous une forme ou sous une autre avec un amour passé n’est pas seulement dérangeant, mais potentiellement source de tensions. Ainsi, près de 6 personnes sur 10 (59%) disent que voir leur partenaire fréquenter son ex dans la vie réelle pourrait entraîner des disputes.
Côté réseaux sociaux, 56% pensent par exemple que voir leur conjoint du moment continuer à parler à un ou une ex serait problématique et 53% indiquent que le fait de garder des photos d’une relation passée les gênerait au point de susciter des conflits au sein de leur couple.
74% des jeunes répondants estiment qu’au moins une des différentes interactions avec un ex qui leur ont été présentées mènerait à des tensions dans leur couple actuel, les femmes étant là encore plus enclines à les percevoir comme conflictuelles. Ainsi, 67% d’entre elles, contre 50% des hommes, considèrent la fréquentation d’un ex dans la vraie vie comme une source potentielle de dispute avec leur partenaire, et 63% (contre 48% parmi la gent masculine) font le même constat si leur conjoint devait suivre une ex sur les réseaux sociaux.
Des liens qui s’estompent
On aurait pu penser que l’émergence et la multiplication des réseaux sociaux favoriseraient le maintien du contact avec les ex. Or, si l’on se réfère à une enquête conduite par Opinion Way pour Meetic en 2010, les jeunes sont moins nombreux aujourd’hui (40% contre 45% il y a 13 ans) à maintenir de tels liens. Le détail des chiffres laisse en l’espèce apparaître une différence marquée selon le genre : quand près de la moitié (46%) des hommes disent être toujours en relation avec une ou plusieurs anciennes petites amies, ce n’est le cas que pour un tiers (33%) des femmes, prise de distance qui s’accentue lorsqu’elles avancent en âge.
Un terrain propice à l’espionnage et à la manipulation
Quand bien même ils n’ont pas révolutionné la nature des liens conservés dans le temps, les réseaux sociaux restent un lieu d’observation privilégié de l’activité des ex. Ainsi, 43% des jeunes admettent avoir déjà consulté le profil d’une ancienne relation intime, mais ne plus le faire aujourd’hui, quand 21% reconnaissent s’y adonner toujours régulièrement.
Cette pratique est particulièrement courante lorsque la rupture est récente : 88% des personnes interrogées ont déjà espionné leur ex sur les réseaux sociaux durant le premier mois suivant la séparation et près d’une sur cinq (18%) l’a fait tous les jours durant cette période.
Au regard des nombreuses possibilités offertes par les réseaux sociaux, cette surveillance prend des formes diverses et variées. 63% des moins de 35 ans vérifient par exemple si leur ex a visionné leurs stories et 57% guettent le signe d’une connexion en ligne. Près de la moitié (45%) scrutent si leur ancien partenaire suit de nouvelles personnes. Près de 3 sur 10 (29%) vont même jusqu’à créer de faux comptes pour observer ses faits et gestes en toute discrétion !
Si, comme on l’a vu, les femmes sont plus nombreuses à mal vivre le contact maintenu par leur conjoint avec une ex, les hommes ne sont pour leur part pas en reste lorsqu’il s’agit d’espionner à distance. C’est notamment le cas avec la création de faux profils (39% contre 22% pour les femmes) et le regard porté aux personnes nouvellement suivies par l’ancienne partenaire (53% des hommes le font contre 38% des femmes).
Évitement post-rupture
Quand certaines et certains continuent d’entretenir une relation plus ou moins saine avec leur ex sur les réseaux sociaux, d’autres décident de couper les ponts et de faire table rase du passé. C’est le cas des 62% de jeunes femmes et jeunes hommes qui ont bloqué leur ex et supprimé tout échange avec son compte.
À l’issue d’une relation, plus de 7 personnes interrogées sur 10 (76%) indiquent par ailleurs qu’elles ont supprimé les photos partagées avec leur ex, tandis qu’un peu moins d’un tiers (31%) sont allées jusqu’à demander à leurs amis de bloquer la personne en question. Requête qui n’est généralement pas sans susciter embarras, voire réprobation dans le cercle amical.
Susciter la jalousie
La manipulation fait également partie de l’arsenal répandu sur les réseaux dans la période qui suit la rupture. 54% des jeunes interrogés postent alors volontairement des stories joyeuses pour susciter la jalousie de leur ex, et 50% consultent ses messages sans daigner répondre, laissant un « vu » plein de distance. Par ailleurs, 43% « likent » stratégiquement des photos de personnes ayant un physique avantageux.
Au total, 75% des jeunes admettent user d’au moins une technique vis-à-vis d’une relation passée, la gent masculine en étant plus particulièrement adepte, comme le montrent par exemple les 52% qui affichent délibérément une proximité intime avec une autre personne, pratique utilisée par seulement un tiers des femmes (34%).
Dénigrement et revenge porn
Plus grave, les réseaux sociaux s’avèrent aussi un terrain propice pour assouvir de manière toxique, voire dangereuse, sa rancœur post-séparation, attitude qui semble bien plus l’apanage de la gent masculine que féminine.
Les jeunes hommes interrogés par l’IFOP sont en effet 40% à dire qu’ils ont déjà dénigré de la sorte une ancienne petite amie pour nuire à sa réputation, attitude partagée par 14% des jeunes femmes. Plus grave encore, près de 4 hommes sur 10 (38%) indiquent avoir envoyé des photos intimes de leur ex à d’autres personnes, revenge porn illégal auquel 14% des femmes reconnaissent aussi s’être déjà livrées.
En conclusion, cette enquête de l’IFOP dépeint un tableau complexe de la gestion post-relationnelle à l’ère des réseaux sociaux. Les jeunes naviguent aujourd’hui entre le désir de maintenir des amitiés avec leurs ex et la réalité des tensions que cela engendre, tout en étant confrontés aux défis posés par leur vie sociale en ligne et les tentatives de manipulation numérique qu’elle offre. Autant de données que leurs aînés n’avaient pas à prendre en compte…
* Étude réalisée du 22 au 26 octobre 2023 par l’IFOP pour Lemon.fr par questionnaire autoadministré auprès d’un échantillon de 990 personnes, représentatif de la population française âgée de 15 à 34 ans.