3 ans. C’est, selon le rapport du GIEC, le temps qu’il reste à l’humanité pour agir et conserver un monde dit « vivable ». Toujours dans ce même rapport, le GIEC pointe une responsabilité liée à deux types de structures : le monde des entreprises, responsables à 70 % dans l’augmentation des gaz à effet de serre et les ménages, qui représentent les 30 derniers pourcents. Si certains secteurs viennent directement à l’esprit lorsqu’on pense au réchauffement climatique comme les entreprises liées à l’énergie ou les transports, d’autres sont tout aussi concernées par les efforts à faire pour préserver les générations futures d’un bouleversement climatique mondial.
Prenez le milieu du web par exemple. Selon la revue scientifique Patern, les usages du numérique représentent un gouffre énergétique qui, alors qu’il est sensé se réduire au fur et à mesure des années, s’alourdit encore plus. Ainsi,selon une étude de la BBC, l’utilisation d’internet représente 3,7 % des émissions globales, soit l’équivalent du trafic aérien dans le monde. Alors, nos opérateurs internet et mobile français sont-ils vertueux pour la planète ? Et lesquels font le plus d’effort pour diminuer leur impact sur les émissions de gaz à effet de serre ? Lemon vous donne des clés de réponses. Sachez que les données des études que nous allons communiquer dans les lignes qui suivent sont toutes trouvables grâce à l’application Nota Climat qui décrypte les trajectoires climatiques des grandes entreprises.
La production de gaz à effet de serre des groupes télécom, entre petits et grands progrès à faire
Devant le défi que constitue le réchauffement climatique, réduire le CO2 émis directement par son entreprise apparaît aujourd’hui comme un prérequis si on veut atteindre nos objectifs climatiques. Bien que cela ne représente que 5-15% de l’empreinte carbone globale des opérateurs, c’est bien la première étape du passage à l’action, et il semblerait que certains acteurs télécoms aient plus d’efforts à faire que d’autres.
Parmi les mauvais élèves, Free fait partie des acteurs avec une action climat nettement insuffisante. Et pour cause, entre 2016 et 2020, Free a augmenté ses émissions de gaz à effet de serre de 25 % alors qu’il devrait les baisser pour aller dans le bon sens. En parallèle, sur 313 avis exprimés fin juillet 2022, Free cumule 291 Boycott du à son inaction climatique. Free a donc du chemin devant lui avant d’être considérée comme vertueuse sur le plan climatique.
Sur le plan du rejet de CO2, SFR ne tire pas non plus son épingle du jeu. Avec des émissions qui augmentent de 8,5 % entre 2019 et 2021, on se retrouve avec des actions qui vont à l’encontre des objectifs que l’entreprise devrait se fixer pour respecter le rapport du GIEC et protéger l’environnement. Sans surprise, SFR fait aussi face à un boycott massif, avec 297 consommateurs sur 309 qui boycottent SFR à cause de son inaction climatique.
Coté Orange, les efforts semblent déjà plus concrets. Avec une réduction de 10,8 % de ses gaz à effet de serre entre 2015 et 2020, Orange se dirige mais n’est pas encore aligné avec les Accords de Paris (dont l’objectif est de limiter le réchauffement climatique à bien moins de 2°C (ndlr : +1,8°C sur les graphiques). Peux mieux faire donc, d’autant plus que le temps nous est compté. C’est déjà bien mieux que Free et SFR ! D’ailleurs, les consommateurs ne s’y trompent pas : sur 300 avis exprimés, ils sont 227 à boycotter Orange, soit presque 70 utilisateurs d’écart avec Free ou SFR.
Toujours selon Nota Climat, Bouygues ferait office de bon élève, avec une diminution de CO2 émis dans ses usines, ses bureaux et ses propres magasins de 37,3% entre 2016 et 2020. Encore une fois, on peut constater que l’action climatique joue un rôle important dans le choix des consommateurs quant au boycott ou non de la marque. Dans le cas présent, Bouygues Telecom recueille 155 avis positifs contre 44 négatifs, ce qui constitue un net écart avec ses concurrents. Notons d’ailleurs son initiative à travers la création d’un opérateur MNVP Source Mobile qui aide motive l’utilisateur a diminuer sa consommation de data.
Quid de la RSE des groupes télécom
Alors, quel chemin emprunter pour réduire encore plus l’empreinte carbone des groupes de télécom ? Chaque entreprise définit ce qu’on appelle la responsabilité sociale des entreprises, ou RSE. Et dans le cas de nos quatre opérateurs historiques, tous mettent à disposition une charte RSE de manière claire sur leur site, et utilisent même leurs promesses comme un argument marketing coup de poing. On pourrait citer Xavier Niel, qui en pleine campagne de promotion pour la nouvelle RSE de son entreprise, accuse le gouvernent de ne pas faire assez pour l’environnement.
Plus globalement, les groupes de Telecom synthétisent les même promesses environnementales : investissement massifs pour atteindre la neutralité carbone, développement de mécanismes portés sur le recyclage et l’économie circulaire (les deux étant liés), diminution de la consommation énergétique, etc.
Vous trouverez les liens des RSE des quatre groupes historiques de télécoms ci-dessous :
Faisons preuve de franchise : le consommateur doit il croire aveuglément ce que la RSE des entreprises met en avant ? L’homme le plus riche du monde a par exemple récemment qualifié la RSE de « vaste arnaque ». Toujours selon lui, seules des mesures concrètes, à savoir la mesure des émissions de CO2 par entreprise devrait être un indicateur valable de RSE. Alors, on aura beau lire la RSE des opérateurs télécoms dans tous les sens, mais les chiffres prouvent que des efforts doivent encore être faits pour aller dans le bon sens.
Les axes de progression pour réduire l’impact carbone des groupes télécom
Sous pression depuis la COP 21, les opérateurs télécoms ont déjà mis en place nombre de chantiers visant à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Free n’achemine plus ses box par avion. Bouygues Télécom réduit de 30% la consommation d’énergie de chacune de ses box. Orange réduit la consommation électrique de ses datas center. SFR propose le premier smartphone construit avec 20% de plastique recyclé. Sur le global, les objectifs semblent ambitieux : une réduction partielle voir totale de la consommation électrique en 2035.
Le plus dur pour les opérateurs est de réduire ce qu’on appelle le scope 3. Le scope 3 est un indicateur utilisé pour mesurer le bilan d’émissions de gaz à effet de serre ou le bilan carbone d’une entreprise ou un produit donné.
Dans le cas présent, le scope 3 comprend les émissions générées pour la fabrication des box, leur transport, la construction et mise en service des antennes 4G ou 5G…). Et pour résoudre ce casse tête logistique, les opérateurs n’ont d’autre choix que d’empiler de petits gestes pour créer un tout plus important que la somme de ses parties. C’est par exemple en travaillant avec des matériaux recyclés ou en gravant leurs circuits imprimés plus finement que Bouygues à réussit à diminuer ses émissions de gaz à effet de serre de 30%.
Pas de solution magique donc, mais seule la volonté individuelle de chaque employé de changer les choses sera en mesure d’atteindre la neutralité carbone en 2040 sur le plan collectif.